Actionnariat familial et cours de Bourse

946 vues

Partager

Dans un contexte de marchés financiers parfaits, le cours de Bourse est neutre.

Cette neutralité est pourtant remise en question par la simple observation de la pratique boursière : nombre d’entreprises semblent en effet gérer pro activement leur cours de Bourse – en particulier à l’aide d’opérations de division du nominal (stock splits) – pour le maintenir autour d’une valeur préétablie.

Comment expliquer également que les actions Hermès, Kering et LVMH s’échangent aujourd’hui à respectivement 845, 564 et 509 € pendant que les titres Orange et Crédit Agricole dépassent de peu les 10 € ?

Deux grandes théories ont été proposées. La première met en avant l’effet de signal : la division du nominal permettrait à des entreprises sous-évaluées d’attirer l’attention des investisseurs et indiquerait des perspectives de croissances futures non prises en compte par le marché. La seconde suggère que le cours de Bourse est un outil permettant de satisfaire les préférences des investisseurs.

Une autre explication serait que les firmes suivent des traditions et des normes et adoptent parfois un comportement mimétique. La norme choisie dépendrait en particulier de la taille de l’entreprise – les grandes entreprises ont ainsi des cours nominaux plus élevés – et de son secteur d’activité.

Dans un récent travail de recherche, nous posons une question simple : la norme de cours de Bourse est-elle également contingente à l’actionnariat de l’entreprise ? Plus précisément, les firmes détenues par des familles ont-elles des comportements différents de ceux des firmes à actionnariat atomisé ou contrôlé par d’autres types d’actionnaires (Etats, financiers, industriels) ?

La littérature en finance et gestion suggère que les familles ne sont pas des actionnaires comme les autres. Les firmes familiales seraient ainsi caractérisées par une orientation de long-terme et une attention portée à la réputation de l’entreprise qui découleraient en particulier de la volonté de transmission aux héritiers dans de bonnes conditions. Puisqu’il est également démontré qu’un cours de Bourse faible attire les spéculateurs intéressés par un retour rapide sur investissement et qu’une opération de division du nominal peut dégrader la réputation de l’entreprise, nous anticipons (1) une relation positive entre actionnariat familial et cours de Bourse et (2) une relation négative entre actionnariat familial et probabilité d’observer un split.

Ces hypothèses sont testées sur un panel de 3 000 observations comprenant 236 firmes françaises appartenant ou ayant appartenu à l’indice SBF 120 sur la période 1998-2016.

Différents tests statistiques valident nos hypothèses : les firmes familiales s’échangent à un cours significativement plus élevé et ont une probabilité de diviser leur nominal inférieure à celle de leurs homologues non-familiales. Nous étudions également les introductions en Bourse réalisées sur la période 2000-2016 et observons que les firmes familiales retiennent des prix d’introduction significativement plus élevés.

Nous étudions les dépenses de recherche et développement (souvent analysées comme le marqueur d’une orientation de long-terme) et démontrons qu’elles sont, pour les entreprises familiales, positivement (négativement) corrélées avec le cours de Bourse (les opérations de division du nominal). Un cours élevé permettrait donc aux firmes familiales de mettre en place une politique de long-terme et de s’affranchir des exigences d’investisseurs focalisés sur un rapide retour sur investissement. Nous sommes donc bien loin de l’hypothèse de neutralité du cours de Bourse.

Mots clés

Auteur.e(s)

Institution(s)

Vidéos de la même institution

05:21
The Triple Bottom Line (TBL) concept emphasizes that business success should not be measured solely by financial performance. It includes social and environmental impacts alongside profit. Additionally, dynamic capabilities help firms adapt to rapid environmental changes and enhance sustainability performance. Previous studies have shown that TBL initiatives can also improve sustainability performance. However, no research has investigated how dynamic abilities and TBL initiatives jointly impact B2B firms’ sustainability performance in the post-COVID-19 period. This study aims to examine the implications of dynamic capabilities on TBL performance, particularly from a B2B marketing perspective. By developing and validating a conceptual research model, it contributes to the literature related to dynamic capability view, TBL, and sustainability.
CHAUDHURI Ranjan - EMLV |
04:24
Based on institutional theory and the dynamic capability view, this study delves into the relationship between a firm's climate change adaptation (CCA) capability and its performance, with a focus on the mediating influence of business-to-business (B2B) marketing capability. The study poses two main research questions: RQ1: What role do institutional pressures play in fostering CCA capability among B2B firms in both developed and developing countries? RQ2: How does the CCA capability of B2B firms impact their performance? To validate the theoretical model developed, data is collected through surveys conducted in a developed country (Australia) and a developing country (South Africa). The study holds significance on two fronts: (a) being among the first to examine the influence of institutional pressures on CCA capability development, and (b) uncovering the mediating role of marketing capability in enhancing B2B firm performance through CCA capability. The study's novel contribution lies in identifying pivotal elements for driving exceptional B2B firm performance amidst climate change, while employing institutional theory and the dynamic capability view to elucidate underlying mechanisms.
BAG Surajit - EMLV |
06:06
The paper explores how sanctions affect international business (IB) and how firms respond to sanctions. We propose that firms’ reactions to sanctions can be analyzed through the lenses of leading IB theories, including institutions-based view and resource-based view. We argue that IB scholars can go beyond existing approaches to explain how firms act when facing sanctions. Moreover, we suggest that studies of firms facing sanctions help to reassess some of the assumptions underlying the prevailing theoretical explanations. We contribute with systematic view on strategy options that international and domestic firms may implement when faced with sanctions.
PANIBRATOV Andrei - EMLV |
03:09
Bien que la pratique du coaching ait fait l’objet d’une attention soutenue dans la littérature, aucun cadre théorique n’existe pour guider le langage des conversations visant à améliorer la performance des dirigeants. Cet article répond à cette omission. À la suite de Richard Weaver, il ressuscite une ancienne distinction entre langage noble et ignoble et combine cette distinction avec une hiérarchie linguistique. Le langage noble culmine et donne voix à une performance exécutive optimale ; en tant que tel, c’est le langage idéal du coaching.
JOULLIÉ Jean-Étienne - EMLV |

Vidéos de la même thématique

Les définitions académiques des fintechs sont basées sur des recherches antérieures ou sur des rapports d’organismes de régulation et de cabinets de conseil. En interrogeant directement 10 acteurs de la fintech et de la banque, cette étude compare la perception des fintechs par les chercheurs avec la réalité vécue par les professionnels interrogés. Notre définition est fortement inspirée de la perception des fondateurs de fintechs. Elle met davantage l’accent sur la notion d’innovation d’usage centrée sur le client (vs innovation technologique) et sur une vision entrepreneuriale des fintechs, plus indépendants des acteurs en place.
ELABIDI Houda - ISTEC Business School |
La valeur actuelle nette (VAN) évalue la rentabilité d’un investissement en comparant les flux de trésorerie actuels et futurs, ajustés pour le coût du capital. Basée sur la valeur temporelle de l’argent, elle permet une comparaison rigoureuse des avantages et coûts des investissements. Malgré sa capacité à fournir une mesure claire de rentabilité et à faciliter la prise de décision, la VAN dépend fortement des estimations de flux de trésorerie futurs et du choix du taux d’actualisation, ce qui peut entraîner des décisions sous-optimales. En outre, elle ne prend pas en compte des considérations stratégiques ou qualitatives. Pour autant, la VAN est un outil essentiel dans la prise de décision financière des entreprises.
BESANGER Serge - OMNES Education |
L’EBITDA, ou excédent brut d’exploitation (EBE), est un indicateur financier évaluant la performance opérationnelle d’une entreprise en excluant certains éléments comme l’amortissement, la dépréciation, les intérêts et les impôts. Il permet des comparaisons de rentabilité entre entreprises, produits ou business units, et est utilisé dans les fusions et acquisitions pour évaluer la rentabilité opérationnelle. Les multiples d’EBITDA, des ratios financiers, comparent la valeur d’une entreprise à son EBITDA, facilitant l’évaluation des entreprises dans un même secteur ou lors de transactions. Bien qu’utile, l’EBITDA présente des limites, ne tenant pas compte des investissements en capital et pouvant être manipulé pour donner une fausse impression de rentabilité.
BESANGER Serge - OMNES Education |
La MDBC e-hryvnia : une monnaie banque centrale en projet Dans un contexte international marqué par un attrait croissant pour la technologie blockchain, de nombreux projets de monnaies digitales de banques centrales (MDBC) ont vu le jour. Le projet de MDBC e-hryvnia engagé par la banque centrale d’Ukraine (NBU) est l’un des plus avancés d’Europe. Après avoir défini la notion de MDBC, cet article fait le point sur les attentes de la NBU, les conclusions du projet pilote de MDBC e-hryvnia lancé en 2018 et les obstacles qui restent à lever pour lancer définitivement cette monnaie banque centrale de nouvelle génération.
SLIM Assen - ESSCA |

S'abonner aux vidéos FNEGE MEDIAS